Date exposition :
Les « mises en boîtes » de Jill Culiner « sont des sortes de valises d’actualités, mettant en scène des personnages mal dégrossis au cours de diverses actions. Des scènes édifiantes des habitudes humaines dommageables à l’harmonie et à la pérennité de la terre. Tels que : des lotissements stéréotypés et stériles, la dégradation des milieux, le pillage des ressources. Les souffrances infligées aux animaux, la vindicte et la jalousie des voisins, le racisme… des mises en scènes sans concessions ! [...]
Jill aime la caricature comme Daumier à son époque. Elle met ses contemporains en situation cocasse. Dans ses compositions, on rencontre d’affreux quidams occupés à raser des haies bocagères, à saccager les bâtis anciens des villages pour faire propre ou à trucider des bovins dans de sanglants abattoirs. […]
Mais il ne faudrait pas croire que dans l’univers de la « base de Saint-Jean-sur-Erve », la poésie et l’humour sont absents. Ils y sont en permanencce. Ils s’expriment au fil de ses écrits et de ses créations plastiques, dans ses sculptures, dans ses dessins et ses boîtes. Il s’agit cependant d’un humour critique, d’une poésie à rebours, a contrario. On y voit parfois des scènes d’horreur à l’inverse de la beauté et de la douceur, montrant crûment les réalités d’une société individualiste et hyper consommatrice. »
Rémy Le Guillerm – extraits du Maine Découverte #113 – été 2022
Pour Rémy Le Guillerm la production artistique de Jill Culiner « est à classer d’utilité publique en ce quelle constitue un rempart d’alerte. Dotée d’une acuité redoutable, elle est une vigie hyper réceptive, observatrice attentive et amusée de nos travers et de nos égarements. Sa ludothèque réaliste et ses mises en boîtes à coulisses nous narrent en volume les multiples assauts de la normalisation et du nivellement de la pensée au travers des pressions sociales et comportementales ».
L’humour ne fait jamais défaut à Jill Culiner qui, pour présenter son travail sur son site, n’oublie pas de mentionner le regard de Bruno Dostert (extraits) empreint d’une merveilleuse fausseté réprobatrice : « L’Art de Jill Culiner est moche et vulgaire. C’est un art qui va chercher partout les trucs les plus impossibles pour vous mettre mal à l’aise. Tous ses petits Mickeys dégoulinent, rouge sang, vert épinard, rose dégueuli. Tous les personnages se ressemblent, ce qui prouve que Madame Culiner ne sait pas dessiner (sculpter). Il paraît que c’est drôle… Il paraît qu’à chaque exposition, les gens se bidonnent et passent des heures à détailler les soit-disant gags et compagnie. Mais je vous fiche mon billet que par chez vous, patrie de la mesure et du bon goût, elle n’en vendra pas une, de ses “œuvres”. Elle peut les retourner à son New York natal où elles finiront dans un quelconque musée des horreurs, entre Picasso et je ne sais qui. »